Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/135

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Vos bras forts ont su rompre, arracher et scier
Ses écailles de cuivre et ses griffes d’acier ;
Mais un plus adroit vient ; aux flancs du monstre il entre,
Et ravit les lingots enfouis dans son ventre !

« Et toi, comme abattu sous le poids de tes maux,
Ouvrier chevelu, qu’as-tu donc ? » — À ces mots,
Un mineur tressaillit ; il jeta là son œuvre,
En relevant la tête ainsi qu’une couleuvre.
Le vicaire pâlit. — « Obérour ! Obérour !
Tu vis encor ; tu vis seul et sans voir le jour !
— Obérour ? Oui, c’est moi. Vous, pourquoi cet œil sombre ?
Je vous laisse le jour, hommes, laissez-moi l’ombre !
Oubliez le mineur, car lui vous oublia. » —
Le courageux reprit sa bêche, et travailla.
 
Quel était donc cet homme ? Une mine est un antre
Où, loin de tous les yeux, plus d’un malheureux entre ;
Et dans un confesseur bien de secrets ennuis
Reposent, comme au fond d’un abîme enfouis.
 
D’un bond, tel qu’un plongeur près de manquer d’haleine,
Le prêtre aurait voulu, tant son âme était pleine.
S’élancer de ce gouffre ; il fallut cependant
Monter tous les degrés suivis en descendant ;
Et comme le sentier pour sortir de ce monde,
La route lui semblait plus dure et plus profonde ;
Enfin son œil vit poindre un rayon de soleil :
O bonheur quand parut le jour clair et vermeil !
 
Ils partirent soudain. La grande fonderie
Plus loin se déchaînait dans toute sa furie ;