S’ils éclataient au jour, ces fils des harpes d’or,
Ils bouleverseraient les communes d’Arvor,
Elles qui, du passé toujours émerveillées,
À la voix des vieillards pleurent dans les veillées !
Ces échos de nos chants, maintiens-les dans les cœurs,
Toi qui ne chantes pas seulement les vainqueurs. »
Scaer, où le voyageur ouvre des yeux avides
À cet antique nom la Trêve-des-Druides,
Et revoit, comme au temps des premières tribus,
Les villages du Barde, et du Brenn, et d’Heusus ;
Ô Scaer ! en traversant ta bruyère sacrée,
Quel ami du passé n’irait, l’âme inspirée.
Et ne verrait surgir, sol des traditions.
Par une telle nuit de telles visions ?
Pour répondre à l’appel de ces âmes antiques,
Le voyageur, chargé de vapeurs léthargiques.
S’agitait, quand vers lui sembla venir encor
Un cortège royal au front couronné d’or.
Le premier, c’est Conan, prince vêtu d’hermine,
Conquérant fondateur que sa gloire illumine ;
Et, la dernière, Anna, qui montre tout en pleurs
D’une main sa couronne et de l’autre trois fleurs.
Chacun d’eux fièrement élevait un trophée ;
Érec, son bleu manteau brodé par une fée ;
Un autre feuilletait le livre de ses lois,
Comme Numa le sage et d’autres savants rois.
Celui[1] de qui le front sur tous les fronts s’élève
Avait un pallium à l’entour de son glaive :
- ↑ Noménoé