Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/222

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Dans la chambre qui doit recevoir les époux,
Où déjà sont dressés les grands lits clos et mous,
La noce s’est rendue, attendant les deux vierges,
Que leur marraine guide à la lueur des cierges.
Elles viennent, les yeux en pleurs, d’un pas tremblant,
Avec leur blanche robe et leur corsage blanc.
Par leurs graves parents à deux genoux bénies,
Elles vont prendre aussi congé de leurs amies,
Toutes les embrasser, et, dans ce triste adieu,
De chacune en passant entendre un dernier vœu.
On leur disait : « A vous paix et joie en ménage !
— Un jour le paradis ! — Dans ce monde un grand âge !
— Des moissons plein vos champs ! — Donnez à votre époux
Des garçons comme lui, des filles comme vous. »
Mais que de pleurs nouveaux, de cris, quand la marraine
Vers le lit nuptial devant tous les entraîne !
 
Vint le tour des maris ; mais Lilèz et Daûlaz,
Les braves jeunes gens, certes, ne pleuraient pas.

Autour de la maison voici des bruits étranges !
Qui vient dans leur sommeil troubler nos jeunes anges ?
Ah ! riez et chantez, c’est la soupe de lait,
Et ses morceaux de pain liés en chapelet.
On l’apporte aux époux. Ban-Gor, le noble barde,
Dans le chœur jovial lui-même se hasarde ;
Et le malin tailleur conduit comme échanson
Nannic, le blond Nannic, le fils de la maison,
Qui, malgré ses six ans, porte encore une robe,
Et sous ses longs cheveux tout honteux se dérobe.

Placé sur l’un des lits, pourtant le jeune enfant