Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/45

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Les voyageurs errant dans les bois d’Armorique,
La harpe a disparu. Notre terre est sans voix.
Nous ne savons plus rien des hommes d’autrefois.
 
Ô marins, laboureurs, ouvriers des peuplades,
Ecoutez ces échos des divines Triades,
Que, durant son exil aux pierres de Rhuis,
Chantait devant la mer Tal-iésin, fils d’Onis.
Dans les livres nourri, moi, je dois vous instruire ;
Au nom de vos aïeux, c’est à vous de me lire :
Ainsi, parlons des morts ; puis, aux fêtes de Scaer,
Avec vous j’irai voir les luttes en plein air.
 
Titans, Celtes, Bretons, de ruine en ruine.
Comment donc remonter jusqu’à votre origine.
Race des premiers jours ? Sous vos noms dilférents,
Comment suivre vos pas, hommes toujours errants ?
 
La voix des temps passés ne dit point dans quel âge
L’ancien peuple de Haff quitta son doux rivage,
Ni par quel grand malheur ce peuple rejeté
Loin de la Corne-d’Or, le Pays-de-l’Eté,
Où Byzance florit plus tard riche et fameuse,
Se sauva vers le nord et sur la Mer-Brumeuse.
Une branche de gui brillait à leur drapeau.
Dans leurs barques d’osier recouvertes de peau
lis voguaient, engourdis par les vagues glacées
Et les côtes partout de neiges hérissées.
Hu-Cadarn les guidait durant ce triste cours.
Enfin, battus des vents, assaillis par les ours,
Au Pays-de-la-Mer, que la langue celtique
Comme en ces jours lointains nomme encor l’Armorique,