Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/46

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Ils plièrent leur voile ; et, Bretons et Kemris,
De ces hommes de l’Est nous sommes tous les fils.

César, char de terreur, c’est toi qui sur la terre
Le premier fis rouler tes machines de guerre,
Et le sol labouré depuis ces deux mille ans
N’a pas encor perdu les lignes de tes camps !
La race chevelue humilia sa tête
Devant toi, dur vainqueur de la cité Vénète ;
Mais l’effort fut pénible, et tu mis tes deux bras
Pour plier sous le joug ces enfants d’Hu-Ar-Braz.
Fils de Vénus, en vain tu criais vers ta mère !
Pour briser tes vaisseaux vers cette plage amère
Ils invoquaient aussi l’esprit de Diana
Et les enchantements de Seîn et de Monâ ;
Chaque soir, fermentaient sur la pierre cubique
Les herbages mêlés dans le vase mystique,
Et les vierges de Kéd dans les flots, chaque soir.
Renversaient en hurlant le Vase-du-Savoir :
La mer houlait ; le vent coupait, hachait tes voiles.
Comme d’une araignée il emporte les toiles :
Maléfices puissants, rites mystérieux.
Ignorés de la plume, inconnus de tes yeux !

Mais, à son tour, voilà que, semant l’épouvante,
Conan-Mériadec accourt de Trinovante,
Revêt la blanche hermine, et, premier de nos rois,
Plante dans Occismor l’arbre saint de la croix.
L’Armorique s’assemble, et le Chef-Roi préside.
L’évêque Modéran, El-Hird-Bad le druide,
Défendirent leur dieu ; mais le Très Inconnu
fut vaincu par l’Esprit nouvellement venu.