Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/70

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Daûlaz était du nombre ; à genoux près d’Anna,
Certe elle put le voir lorsqu’elle s’inclina.
Or nul, si la vertu de la source est certaine,
Nul ne fut mieux trempé dans la sainte fontaine,
De longs cheveux, un teint doré comme le miel,
Avec de grands yeux clairs qui reflétaient le ciel.
 
Ce jeune voyageur ! après un mois d’absence,
Il avait donc revu le lieu de sa naissance ?
Au retour de Carnac il fit un long trajet.
Suivant bs bords du Scorf et les bords du Blavet,
Et partout, pour distraire un peu son cœur morose,
Laissant errer ses yeux sur toute belle chose.
Ainsi durant huit jours il avait voyagé,
Chez les curés des bourgs chaque soir hébergé.
Eh ! qui donc avec lui n’eût agi de la sorte,
Rien qu’à voir sa figure et sa manière accorte ?
Cet usage se dit, chez nous, vicarier :
Il est cher à tout prêtre, à tout clerc régulier ;
Et croyez que le soir, en vidant plus d’un verre,
On fait plus d’un bon conte au feu du prcsbytère.
Pourtant, le grand Pardon de Scaer étant venu,
Le clerc hâte ses pas, sûr qu’il est attendu
Pour lutter à la lutte et chanter à l’Office :
Tout bon soldat doit être exact à son service.
La veille du dimanche il marche jour et nuit.
Passant donc au Faouët au premier jour qui luit,
Il voit déjà finir une messe, et la porte
Ouvrant ses deux battants pour que la foule sorte ;
Et le joyeux sonneur, debout sur le talus,
Appelle autour de lui ses amis chevelus :
« Holà ! mes bons amis qui sortez de la messe,