Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/80

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tal-houarn.

« Vous êtes un serpent ! J’en ai vu bien des fois
Autour de mon bâton se rouler dans les bois ;
Mais, si je secouais le bâton, la vipère
Sous la ronce, en sifflant, regagnait son repaire.
Vous, malgré mes efforts, à mes jambes serré,
De vos nombreux anneaux vous m’avez entouré.
À vous seul sur le pré vous en valez un couple.
Samson n’est qu’un enfant. Votre corps vert et souple
A lié mes deux bras, noué mes deux genoux.
Si vous êtes un homme, ah ! quel homme ctes-vous ? »

cador

« Hier, lorsqu’au logis vos gens dormaient encore,
Vous vous serez levé tout seul avant l’aurore ;
Suivi de votre chien, et la nuit, en secret.
Vous serez allé seul, hier, dans la forêt ;
Là, vous avez cueilli des herbes, une écorce,
Une magique fleur qui donne de la force.
Enfant d’Eve et d’Adam, pétri de leur limon,
Chrétien, je ne veux pas lutter contre un démon.
Si j’ai risqué mes jours, parlez, je vous réclame :
Avec mon pauvre corps ai-je risque mon âme ? »

tal-houarn.
.

« Ce inatin, en passant près de notre maison.
Vos yeux sous leurs sourcils brillaient comme un tison ;
Vous les avez sur nous fixés de telle sorte
Que mon père, tout pâle, est tombé sur sa porte ;
Ses bœufs qu’il attelait, défaillant tout à coup,