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CHANT NEUVIÈME

LES PILLEURS DE CÔTES.


L’Île-de-Sein. — Tempête. — Le recteur et les gens de l’île accourent sur la grève. — Souvenirs druidiques. — On prie pour ceux qui sont en mer. — Coureurs de bris du Cap. — Vœu à saint Beûzec pour obtenir des naufrages. — Un navire dans la Passe. — Vaches et torches errantes des pilleurs de côtes — Baie-des-Trépassés. — Combat de nuit.


Les phares de Plô-Goff et de l’Île-de-Sein,
Sur le détroit que nul ne peut franchir en vain,
Ont allumé leurs feux tournants ; et, dans l’espace,
Ces géants de la nuit se regardent en face.
Entre eux rugit la mer. Habitants et douaniers,
Tous les hommes de l’île ont quitté leurs foyers ;
Ils perlent des harpons, des torches, des cordages,
Et, s’appelant l’un l’autre, errent le long des plages,
— Car l’esprit de douceur souffle ici sur les eaux :
Des loups de l’Océan il a fait des agneaux, —
Heureux de ranimer aux flammes de leur âtre
Celui qu’ils ont tiré mourant du flot saumâtre.
 
Avec eux le recteur. Vénérable vieillard.
Sa tête chauve et blanche est livrée au brouillard ;