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Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/106

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Je sens qu’il est bien doux de parler du pays.
J’en dois savoir parler ! Du moins que ceux des villes
Ne mêlent pas mon nom à leurs intrigues viles !
J’ai vu leur fiel haineux, leur sourire moqueur,
Et loin d’eux j’ai placé mon esprit et mon cœur !

Enfin, on distinguait, après plus d’une lieue,
Les murs de la chapelle et sa toiture bleue ;
Et même avec l’odeur qui sort du cidre doux
Tous les bruits du pardon arrivaient jusqu’à nous,
Quand le désir nous prit d’aller à la fontaine,
Croyant y retrouver Anne et sa sœur Hélène.
Une vieille était là, seule, à laver ses pots,
Qu’elle emplissait d’eau sainte et vendait aux dévots ;
Elle s’en vint à nous disant ses patenôtres,
Et, de mes cheveux courts dupe comme les autres,
La pauvresse ajouta : « Je le vois dans vos yeux,
Vous revenez de France avec un cœur joyeux.
Avez-vous retrouvé chez lui votre vieux père ?
Celle qui vous aimait vous aime encor, j’espère !
Désormais au pays vous passerez vos jours,
Et vous épouserez, jeune homme, vos amours. »

Trompée à mes habits et par cet air de joie
Que la gaîté d’autrui par instant nous envoie,
Mère, ainsi vous parliez ; hélas ! Et dans Paris
L’histoire de ce jour, tristement je l’écris.