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Marie


 
Du bois de Ker-Mélô jusqu’au moulin de Teir,
J’ai passé tout le jour sur le bord de la mer,
Respirant sous les pins leur odeur de résine,
Poussant devant mes pieds leur feuille lisse et fine,
Et d’instants en instants, par-dessus Saint-Michel,
Lorsque éclatait le bruit de la barre d’Enn-Tell,
M’arrêtant pour entendre ; au milieu des bruyères,
Carnac m’apparaissait avec toutes ses pierres,
Et parmi les men-hîr erraient comme autrefois
Les vieux guerriers des clans, leurs prêtres et leurs rois.
Puis, je marchais encore au hasard et sans règle.
C’est ainsi que, faisant le tour d’un champ de seigle,
Je trouvai deux enfants couchés au pied d’un houx,
Deux enfants qui jouaient, sur le sable, aux cailloux ;
Et soudain, dans mon cœur cette vie innocente,
Qu’une image bien chère à mes yeux représente,
O Maï ! si fortement s’est mise à revenir,
Qu’il ma fallu chanter encor ce souvenir.
Dans ce sombre Paris, toi que j’ai tant rêvée,
Vois ! comme en nos vallons mon cœur t’a retrouvée.