Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/132

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Aux cimetières noirs les ifs sont destinés,
Les beaux lis odorants pour les jardins sont nés.
Ne blessez pas ce cœur plus tendre qu’une cire ;
Conduisez par la main celle que je désire ;
Faites dresser la table ; et que les fiancés
Près de leurs vieux parents par nous deux soient placés !

SECOND CHANTEUR

Il faut vous obéir, ami ; votre prière,
Vos plaintes ont forcé le seuil de ma chaumière.
Je vais vous présenter celles qui sont ici.
Un moment sous cet arbre attendez. — Me voici.
Ouvrez, ouvrez les yeux ! Est-ce là votre rose ?

PREMIER CHANTEUR

À l’air grave et serein qui sur ce front repose,
À sa douce gaîté, je gage que toujours
Cette femme a rempli la tâche de ses jours ;
Que ses fils, son mari, sa famille nombreuse,
L’aimaient ; que sous ses lois sa maison fut heureuse.
Mais l’heure du repos a pour elle sonné ;
Ce qu’une autre commence, elle l’a terminé.
Cherchez encore, ami, cherchez ! Ce n’est pas elle.

SECOND CHANTEUR

Étranger difficile, est-ce là votre belle ?

PREMIER CHANTEUR

Les anges sont moins frais. Cette fleur de santé
Est d’une vierge, encor bien loin de son été,