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NOTICE

Inscrivez ces trois noms : Jean, Raphaël, Virgile ;
Le disciple fervent, le peintre au pur contour,
Le poète inspiré qui devina l’amour.

Les notes qui me sont communiquées sur l’école du curé d’Arzannô confirment de tout point les peintures que le poète en a faites. L’emploi de la journée, les pieux exercices entremêlés à l’étude, les offices chantés à pleine tête et les leçons apprises dans les champs, le presbytère et la lande en fleur, la règle et la liberté, je retrouve là tout ce que Brizeux a décrit. J’y vois de plus que, sans annoncer encore une vocation poétique, il était vif, ardent, toujours prêt à questionner, à provoquer le maître, qui ne demandait pas mieux que de sentir ainsi l’aiguillon ; de là, des entretiens, des sympathies particulières entre l’excellent prêtre et l’enfant qui devait le glorifier un jour. Je trouve aussi des notes fort curieuses sur l’enseignement de l’abbé Lenir, sur sa manière d’apprendre le latin à ses élèves, sur les différentes périodes de cette école si originale, la période titanique et la période homérique. La première se rapporte aux années révolutionnaires et aux guerres de la Vendée ; la seconde, celle que Brizeux a vue, offrait l’heureuse liberté des mœurs patriarcales. Mais c’est assez de détails ; j’entends la question que le lecteur m’adresse et qui touche à des points plus importants ? à côté de la figure de l’abbé Lenir il y en a une autre dans les premiers vers de Brizeux. Ce maître si doux n’a pas été son seul maître. Où est Marie ? où est la fleur de blé noir ? Celle jeune fille du Scorf, destinée à une célébrité si pure, ne parait-elle pas enfin dans ces confidences sans apprêt ?

« A une certaine époque de l’année, m’écrit le condisciple du poète, nous avions le catéchisme que le curé nous faisait lui-même en langue bretonne. Tous les enfants de la paroisse y assistaient, c’est-à-dire, avec les enfants d’Arzannô, ceux des hameaux voisins. On y venait des fermes et des métairies d’alentour, quelquefois même d’une assez grande distance. Nous remplissions l’église, d’un côté les garçons, les filles de l’autre. À la sortie, tant qu’on était dans le bourg, il fallait bien se contenir, et les filles en