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NOTICE

Quelquefois même ce n’étaient pas les pédanls et les sots qui le blâmaient ; ses amis ne lui ménageaient pas les conseils, et quel vrai poète n’a pas eu besoin dans sa vie d’être guidé parfois comme un enfant ? Quant à ceux qui ont envenimé ces reproches pour fermer à l’auteur de Marie et des Bretons les portes de l’Académie française, je leur souhaite de n’avoir jamais sur la conscience de plus graves péchés que les siens. Ses torts, s’il en eut, n’ont nui qu’à lui seul ; ses vertus ont profité à plus d’un. Il a honoré les lettres autant qu’aucun écrivain de ce temps-ci. Quand je me représente l’indépendance de son caractère, la pureté de sa vie, son amour de la France, sa fidélité à l’art et à l’amitié, son sentiment de sa dignité poétique, à la fois si modeste et si fier, je voudrais inscrire sur son monument ces vers qu’il a composés pour le tombeau d’un ami :

C’était un diamant. La perle la plus rare
Se dissout dans l’acide et finit lentement.
L’acier lance en éclats le marbre de Carrare,
Rien n’entamait son cœur. C’était un diamant.

Tous ceux qui connaissaient Brizeux ont pleuré en lui plus que le poète. La Bretagne a bien senti la perte qu’elle vient de faire. Parmi tant de pièces de vers inspirées par la mort du barde, qu’on me permette d’en citer au moins une ; elle est écrite dans sa langue natale, et l’on y entend comme un gémissement de ces bruyères au milieu desquelles il demandait à être enseveli avec Albin, Daniel et tous ceux du canton.


m o r t     d u     b a r d e     d e     l a     p e t i t e - b r e t a g n e.
Mourir pour revivre.

« Douleur, douleur à toi, Petite-Bretagne ! — Gémissez et répondez des larmes, — rochers aux bords de la mer profonde, — et vous, chênes, au sein des forêts ! —

« La mort impitoyable, comme un loup sorti des bois au milieu