Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/87

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Longtemps je la suivais, sous le bois, dans la lande,
Dans les prés tout remplis d’une herbe épaisse et grande ;
Enfin je m’arrêtais, ne pouvant plus la voir.
Elle, courant toujours, arrivait au Moustoir.

Jours passés, que chacun rappelle avec des larmes,
Jours qu’en vain l’on regrette, aviez-vous tant de charmes ?
Ou les vents troublaient-ils aussi votre clarté,
Et l’ennui du présent fait-il votre beauté ?




 
Notre premier malheur est notre sûre épreuve.
À ce coup imprévu toute âme belle et neuve
Se révolte, et se plaint amèrement à Dieu
D’un mal inexplicable et mérité si peu ;
Mais tendre et résignée, et se sentant meilleure,
Sur le malheur d’autrui cette âme rêve et pleure.
Le méchant se révolte aussi contre le ciel ;
Mais chez lui le courroux bientôt se change en fiel :
Du mal, en souriant, il sonde le mystère,
Et prévoit qu’on en peut tirer parti sur terre.