corporel qui s’offre à l’esprit, la volonté ou la croyance a pour résultat de faire naître le mouvement lui-même ; au contraire, l’adhésion à une idée ne produit directement du moins, aucun effet dans le monde extérieur. Mais si importante que soit cette différence, elle n’empêche pas les deux actes d’être de même nature. C’est par une circonstance indépendante du vouloir et de la croyance que dans le premier cas, il se produit un changement dans le monde physique. Ce n’est pas parce que nous le voulons, du moins ce n’est pas uniquement parce que nous le voulons que le mouvement s’accomplit : c’est à l’idée, au simple fait de représentation dans la conscience, et non au vouloir, qu’est lié ce mouvement. La preuve en est que l’idée d’un mouvement, dès qu’elle se présente à la conscience, et avant même tout acte de volonté, est suivie de l’ébauche de ce mouvement, et souvent, comme dans le somnambulisme, le mouvement se produit en dehors de toute volonté.
Dès lors, il est facile de répondre à la question de M. Janet. La volition n’est ni dans ce jugement : mon bras est mû ; ni dans celui-ci : mon bras a été mû ; ni dans celui-ci : mon bras sera mû. On pourrait dire qu’elle est dans celui-ci : mon bras doit être mû. Mais plutôt il est impossible d’exprimer par des mots, nécessairement empruntés à l’ordre intellectuel, un acte qui par essence n’est pas intellectuel. Ce qu’on en peut dire de mieux, c’est que c’est une sorte de fiat.
Par suite, nous pouvons accorder à M. Janet que affirmer un fait sera toujours autre chose que vouloir un acte. Nous conviendrons volontiers que deux termes distincts, ceux de volition et d’affirmation, seront toujours nécessaires pour désigner deux opérations dont les conséquences sont si différentes. La différence cependant est à nos yeux tout extrinsèque. Affirmer un fait, c’est non pas certes faire qu’il existe hors de nous ; mais c’est faire en sorte qu’il existe pour nous. Vouloir un acte, c’est choisir entre plusieurs idées qui se présentent à nous, et par une conséquence attachée, en vertu des lois naturel�les, à la préférence que nous lui accordons, la réaliser hors de nous.
Nous ne dirons pas non plus que la volonté soit un acte