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TROISIÈME PARTIE

Séance du 15 juin, M. E. Ollivier communiqua à la chambre, la dépêche suivante :

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, les mesures militaires ont été prises en Prusse, à partir du 15 juillet, l’armée sera sur différents points de nos frontières, avec 100 ou 120 000 hommes.

M. E. Ollivier osa dire qu’il entrait d’un cœur léger dans la voie de la guerre. Pauvre France ! confiée dans les mains de cet homme, fils d’un ancien proscrit, qui avait si bien dit : «Je serai le spectre du 2 décembre. » Ce même jour on vota un crédit de 150 000 000. La France n’avait plus qu’à combattre.

À partir de ce moment, l’empire laissa chanter la Marseillaise dans les rues de Paris.

Au palais on s’occupait des préparatifs de la guerre. Tous les serviteurs de l’empire, depuis le dernier des valets, jusqu’aux Éminences, étaient enthousiastes.

« Nous sommes prêts jusqu’aux boutons de guêtres, disaient-ils. »

« Sir, disait M. Rouher, grâce à vos soins, l’heure des périls a sonné ; l’heure de la victoire est proche. »

Le 22 juillet la guerre était officiellement déclarée.

Ce même jour, un député demanda au maréchal Lebœuf :

— Avez-vous muni l’armée de bonnes cartes pour la campagne ?

— Certainement, répondit cet imbécile ; j’ai la mienne sur moi, et dégainant son épée, il ajouta : la voilà !

Les affaires allaient se précipiter ; dans les premiers jours du mois d’août, notre propriétaire, mademoiselle