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TROISIÈME PARTIE

Art. 3. M. le général Trochu, est maintenu dans ses fonctions de gouverneur de la ville de Paris.

L’orateur descendit de la tribune, au milieu du silence glacial de l’assemblée.

Pas un ministre ne protesta. À la sortie de cette séance, qui dura jusqu’à deux heures du matin, J. Favre fut arrêté par une foule immense, demandant la déchéance : « Patience, répondit-il ; justice sera faite, comptez sur vos députés.

À bas la droite ! criait-on, la déchéance !

Toutes les précautions avaient été prises ; on fit dégager la foule du pont de la Concorde par des sergents de ville.

Sachant qu’il y avait séance de nuit, mon mari et moi, nous allâmes aux abords du corps législatif pour connaître au plus vite, la solution de ces tristes épopées.

La nuit était splendide, le ciel étoilé se reflétant dans les eaux de la Seine, donnait à ses rives un aspect fantastique, cette foule immense, silencieuse, dans le calme de la nuit, avait quelque chose de mystérieux, les quais, la rue St-Dominique, le parlement étaient envahis de toutes parts, une émotion profonde régnait à la vue des députés, lesquels avaient l’air sinistre.

À la fin de la séance, nous eûmes connaissance que la proposition de la déchéance avait été déposée à la chambre, et que la proclamation devait être rendue publiquement, le même jour à midi, au parlement, où devaient se réunir tous les députés.