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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Le général Ducrot rentra dans Paris, vivant, mais non victorieux.

Les deux principaux généraux de la défense de Paris furent assez légers, pour oublier l’un des ponts volants qui devaient maintenir notre succès, l’autre, le général Trochu oubliait de faire distribuer des couvertures aux soldats. Ces deux nuits du 29 et 30 novembre furent terribles, le froid était épouvantable, beaucoup moururent de congélation et des suites des blessures, aggravées par le froid extrême qui sévissait.

Malgré le nombre incalculable d’ambulanciers depuis le 29, 30, 31 novembre, un rapport prussien daté du 5 décembre donnait avis au général Ducrot que de nombreux cadavres étaient restés sur le sol aux avant-postes, entre Paris et Champigny ; on envoya une escorte de terrassiers pour les ensevelir. On en compta pas moins de 685. Tous ces corps furent placés dans les fossés par couches, et chaque couche reçut un lit de chaux. Les fosses comblées, une croix de bois noir fut plantée sur le tumulus ; elle portait cette inscription :

Ici reposent

Six cent quatre-vingt-cinq
Soldats et officiers français tombés
sur le champ de bataille.

Ensevelis par les ambulances de la presse

Le 8 décembre 1870.

Je pense que depuis ce temps, on a dû élever un monument à leur mémoire.

Beaucoup parmi eux seront morts faute d’avoir été relevés à temps, une mort de ce genre doit être affreuse.