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QUATRIÈME PARTIE
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Ainsi finit l’année 1870. (L’Année terrible.) D’autres misères, des évènements plus cruels et plus affreux encore, allaient dériver de ceux-ci.

Nous passons nos jours et nos nuits à soigner nos enfants, nous multiplions nos efforts pour en faire des hommes. Il faut 20 ans pour faire un homme ! Notre œuvre à peine achevée, au nom de Dieu et de la Patrie, quelques ambitieux nous obligent à donner nos fils en pâture. Ils crient très haut : Respect à la famille ! mais que font-ils, eux, du respect de la vie humaine ?

Ils crient : Respect à la propriété ! le pillage et le vol sont les droits de la guerre !

Ils chantent sur tous les tons la grandeur, la bonté et la toute puissance de Dieu. Quel rôle ridicule lui font-ils jouer à ce Dieu de bonté qui bénit le crime triomphant (les vaincus n’ont pas besoin de bénédictions.) Ce Dieu tout puissant qui ne peut empêcher tous ces massacres.

Maudits soient ceux qui ont inventé la guerre. Les héros de ces tristes épopées sont légions, ce sont nos fils, les inconnus.

Pourquoi cette excitation, cette haine imbécile qu’on entretient en tous pays, dans l’esprit des enfants et des hommes. Ne serait-il pas mieux que tous les peuples aient le sentiment de l’amour de leur semblable et qu’ils eussent le respect de la vie humaine ? Assurément tout irait mieux. Un jour viendra, je l’espère, où nous aurons une société mieux organisée.