Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XX


Le 11 mars de nouveaux malheurs vinrent assaillir notre demeure. Depuis quelques jours notre cher petit ange devenait triste, il supportait péniblement sa tête, il toussait légèrement, cependant il avait gardé ses jolies couleurs roses ; à la tombée de la nuit il paraissait plus oppressé, j’eus l’idée de lui faire prendre un lait de poule, il le prit avec assez de difficulté, je crois que j’ai eu tort de l’engager à prendre cette boisson, c’est un de mes regrets ; son oppression augmentait, je fus inquiète, mon mari étant absent, je descendis nos étages pour qu’il vînt près de notre cher petit, je l’aperçus chez le marchand de vin du coin de la rue de Lille et de la rue de Beaune. J’insiste pour qu’il monte avec moi, je lui dis que le petit me semble très malade, il ne voulait pas me croire, l’ayant quitté peu de temps avant, assez bien portant ; enfin assez fâché, il me suivit ; lorsque nous fûmes dans la chambre j’allai près de mon cher petit pour voir s’il était endormi, il ne dormait pas, il avait le visage du côté du mur et ses yeux tournaient sans cesse, il avait l’air d’étouffer, je lui parlai, il ne me reconnaissait pas, je le pris dans mes bras, je lui mis un peu de sel dans la bouche, il avait les dents serrées ; j’étais désolée, un moment il sembla s’assoupir, la nuit se passa ainsi, à