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QUATRIÈME PARTIE

l’aurore mon cher petit était bien changé, il était congestionné, les yeux et les membres tournés en tous sens, il avait des convulsions ; depuis la veille il ne nous avait donné aucun signe pouvant nous prouver qu’il nous avait reconnus. Le 12, un dimanche, je cours chez plusieurs médecins, aucun n’est à la maison. J’envoie mon mari chez le docteur de ma compagnie qui demeurait rue de Beaune ; il sonne trois ou quatre fois, enfin une servante vient ouvrir et dit : « Monsieur ne reçoit pas aujourd’hui, du reste il est malade » mon mari insiste et prie la servante de lui dire que c’est mon fils qui est malade, qu’il a des convulsions, il supplie qu’on lui dise ce qu’il faut faire. La servante fait la commission, le docteur me fait dire que pour les convulsions il n’y a qu’un remède, mettre l’enfant dans un bain d’eau très froide, ou de le mettre sur un marbre, nu, c’est tout. Ce traitement m’a semblé barbare. Enfin, désespérée, je vais chez le pharmacien qui me dit que mon mari devrait aller à la mairie réclamer un médecin d’office ; pendant ces démarches bien du temps s’était écoulé ; à 2 heures seulement, le docteur vient, il voit l’enfant, il doute de le ramener à la vie, cependant il le regarde et lui met deux pilules dans la bouche ; le pauvre enfant était toujours dans le même état, lorsque vers les trois heures le cher ange fit un effort et rendit le dernier soupir, les pilules lui revinrent par la bouche ; à quatre heures, le médecin revint pour connaître le résultat, il ne put que constater la mort. J’avais un grand chagrin, nous avions sauvé l’enfant à travers les privations du siège ! la veille au matin,