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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

acceptait encore de prolonger sa misère ; il ne voulait pas faiblir devant l’ennemi, c’était le mot d’ordre ; la Prusse nous regarde, elle est à nos portes ; soyons sages ! Et il le fut, trop même, car quelques folies qu’il eût pu faire, il n’aurait jamais égalé ce qu’a fait le gouvernement dont M. Thiers était le chef et qui supprima d’abord les 1 fr. 50 de la Garde Nationale, seule ressource de ces pauvres diables.

Cela ne pouvait encore le satisfaire ; il avait besoin d’une tuerie, de faire une saignée à ce Paris qu’il détestait tant ! Il la fit naître, l’affaire des Buttes Montmartre. Il ne fut pas encore satisfait ; plus la persévérance et le courage du peuple se maintenait, plus sa haine et sa férocité s’augmentaient dans des proportions effrayantes. On tuait pour tuer, femmes, enfants, vieillards, bourgeois paisibles et indifférents, le premier passant venu, tout y passait.