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CHAPITRE XXII


Le dimanche 3 avril, sans avertissement, sans sommations légales, à 1 heure de l’après-midi les Versaillais ouvraient le feu et jetaient des obus dans Paris. 6 à 700 cavaliers, le général Gallifet en tête, appuyaient le mouvement.

Les fédérés surpris n’étaient pas en nombre, cependant ils ripostèrent ; les Versaillais, les croyant plus nombreux, prirent la fuite, abandonnant sur la route canons et officiers.

À Paris personne ne croyait à une attaque, depuis février on n’avait plus entendu le son du canon, depuis le 28 mars on semblait vivre avec plus de sécurité, dans une atmosphère de confiance et d’espoir ; la surprise fut donc grande, d’entendre la voix du canon. On croyait à un malentendu ou à un anniversaire historique quelconque.

Mais lorsqu’on vit les voitures d’ambulances, quand le mot courut : Le siège recommence, il n’y avait plus à douter. Un même cri part de tous les quartiers : Aux barricades, on traîne des canons dans la direction de la porte Maillot et des Ternes, à 3 heures 50 000 hommes criaient : à Versailles, un grand nombre de femmes voulaient marcher en avant.

Tout à coup une mitraille des plus nourrie assaille