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CINQUIÈME PARTIE

uns parmi vous n’ont pas le courage de la tâche que nous allons entreprendre, qu’ils se retirent des rangs, il vaut mieux avoir 10 convaincus que 20 hésitants. Nous agirons envers ceux qui ne veulent pas nous suivre comme il sera jugé utile, pour la cause que nous avons le devoir de défendre. » Personne n’osa reculer.

— Colonel, tous nous irons si vous nous accompagnez !

— Je vous accompagnerai !…

Naze n’était pas un traitre comme plusieurs l’ont prétendu, il était doux de caractère, assez joli garçon, poseur, pas très brave, mais il était honnête et bon.

Le commandant alla de nouveau à l’Hôtel de Ville ; nous attendions, montre en main, son retour. Dix heures et demie du soir, personne encore, on commençait à s’impatienter ; enfin il arriva triomphant avec un ordre de départ pour minuit.

Le commandant Naze fut nommé colonel ce soir-là. Le capitaine Martin fut nommé commandant. Les capitaines et les officiers, sous-officiers Berjaud, Lantara, Sebire, Letoux, Napier, Ménard, Derigny, les sergents-majors Fabre, Laurent, etc., furent mis en possession de leur compagnie respective. Il y avait un vrai remue-ménage dans la caserne ; malgré leur enthousiasme à l’idée de partir, les gradés avaient peine à coudre et à faire coudre à leur képi et sur leurs manches leurs galons. Le colonel Naze me demanda si je voulais lui coudre ses galons, qu’il m’en serait bien reconnaissant, ce que je fis en hâte, car le temps était court.