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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Après ma visite, il alla chez M. Astier qui l’a fort bien reçu. Il lui exprima tous les regrets de ce qui s’était passé, disant qu’il n’avait absolument rien contre maman, qu’elle pouvait venir chercher ses meubles, que ses ouvriers avaient été les chercher rue de Beaune et qu’ils les avaient apportés chez lui.

M. T. revint nous dire le résultat de son enquête. Le lendemain ma mère alla chez M. Astier qui lui rendit quelques meubles, mais il manquait beaucoup de choses, lesquelles avaient été cassées et abîmées. Ma mère lui demanda pourquoi il avait agi ainsi contre nous, il lui répondit naïvement : « J’étais en province, le mercredi matin, j’arrive, je cours rue de Beaune, je ne savais rien de ce qui s’était passé, j’ai cru ce qu’on me disait !… » Il s’excusa et rendit ce qui lui restait de nos meubles.

M. Noël nous conseilla de louer vis-à-vis de chez lui, rue St-Martin, 175, une chambre qui se trouvait vacante. Avec les quelques meubles que nous avions retrouvés, entre autres le lit complet de ma mère ; nous étions heureuses de pouvoir nous coucher convenablement. Depuis bien des mois je ne savais plus ce que c’était que de coucher dans un vrai lit. Mais nous n’avions plus retrouvé de linge.

Nous étions contentes d’avoir suivi le conseil de M. Noël. Nous avions déménagé si souvent, craignant de faire de mauvaises rencontres, que cela nous semblait bon de pouvoir nous reposer le matin.

Vers la fin décembre 1871. On sonne à la porte, je vais ouvrir, Mme Noël était absente ; c’était un