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SIXIÈME PARTIE

gendarme ; j’étais un peu troublée, mais comme le couloir était sombre, il ne put s’en apercevoir. Je repris mon aplomb, ce n’était pas le moment de faiblir ; je l’introduisis dans le petit salon et je prévins M. Noël.

Le gendarme venait demander des renseignements sur mon mari. M. Noël confirma le certificat qu’il avait donné. Le gendarme s’en alla.

Dans le courant de janvier 1872, le même gendarme revint de nouveau, je fus obligée de le recevoir, M. Noël étant absent. Il me posa quelques questions banales, il me demanda si j’avais connu R., ce que je savais de lui, etc. Enfin après un quart d’heure environ M. Noël revint ; j’étais contente de les laisser seuls.

Le gendarme réitéra les mêmes questions que lors de sa première visite, et il ajouta :

— Que savez-vous de Mme R. ?

— Peu de choses ; lorsque R. travaillait pour moi, elle venait quelquefois apporter son ouvrage, mais je ne la connaissais pas assez pour en parler. Depuis que son mari s’est engagé, je ne l’ai jamais revue.

Satisfait, le gendarme partit.

Le 6 février nous eûmes une surprise. À 4 heures du matin, M. Noël vint frapper à notre porte. « Ouvrez vite, dit-il, j’ai quelque chose d’important à vous dire. » Nous nous levons, M. Noël dit à ma mère : « Habillez-vous vite, un gendarme est venu vous chercher de la part de M. R., il m’a remis un billet du mari de Madame ainsi conçu :

J’ai deux heures à rester à la gare. Venez, chère mère avec M. Noël, j’ai beaucoup de choses à vous dire, mais je ne désire