départ nul et un progrès continu et indéfini, nous croyons qu’il a existé un grand nombre d’alternatives de progrès et de décadence. Le progrès général réel de la morale, qui se dégage au milieu de ces contradictions, n’est autre que la marche à partir des données pures, simples et élevées de la révélation primitive jusqu’aux enseignements plus complets et plus clairs que le christianisme fournit à l’humanité. Le point de départ du progrès chrétien est moins bas que celui du progrès tel que le veulent les évolutionistes. Son terme idéal est plus élevé, mais il ne doit pas être réalisé complètement en ce monde ; le progrès social existe, mais il n’est qu’un moyen pour le véritable progrès individuel qui aboutit à la béatitude future. La croyance à ce progrès est d’ailleurs fondée non sur des espérances chimériques et sur un vain enthousiasme, mais sur l’histoire et la véritable expérience. La théorie que je viens d’exposer rend compte de la plupart des faits, mieux que la théorie évolutioniste elle n’est hypothétique que sur un point, celui de l’origine que l’histoire ne saurait atteindre directement. Mais l’hypothèse de cette révélation primitive, déjà vraisemblable en elle-même, devient une certitude dès que nous avons saisi le lien qui rattache cette première formation morale de l’humanité à la restauration que l’Évangile a accomplie en pleine histoire, avec une force si évidemment divine. Le nouvel Adam qui nous a relevés nous montre lui-même ce qu’a été le premier et nous fait connaître notre origine.
Cette origine, à la fois divine et humaine de la morale, nous permet de prédire à l’humanité et aux idées morales un tout autre avenir que celui que prédisait l’évolutionisme. Divine par son origine, humaine par son fondement dans la conscience, la vraie morale, qui n’est autre que la morale chrétienne, doit durer autant que l’humanité. Société, morale et religion, ont commencé ensemble quand l’homme a paru sur la terre ; société, morale pure et vraie religion, devront durer autant que l’homme lui-même durera. Nos adversaires nous donnent eux-mêmes, par la progression de leurs attaques, une nouvelle preuve de cette vérité.
Le divin organisme de l’humanité restaurée, l’Église gardienne de la morale vraie, reçoit dans ce monde moderne un premier ébranlement au temps de Luther. Avec l’autorité de l’Église, disparaît, chez les protestants, un des principes de l’œuvre du Christ, l’indissolubilité complète du mariage chrétien. Néanmoins, appuyée sur l’Évangile, la morale chrétienne subsista. Deux siècles plus tard, le progrès logique des idées amena les adversaires de l’Église à méconnaître l’autorité de l’Évangile et à refuser à Jésus-Christ le titre de Dieu incarné. Alors parait une nouvelle morale, qui n’était que la morale chrétienne affaiblie et privée de ses plus puis-