Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/134

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de voir et de se montrer. On m’a conté, sur place, que ce fut sous ses yeux que le cadavre de la pauvre princesse de Schwartzenberg fut retrouvé, calciné, réduit à la taille d’un enfant de six ans, et reconnu au collier de diamants qui avait résisté à l’incendie. Elle était, selon toute apparence, entrée ou rentrée dans la salle embrasée pour y chercher sa fille, et le plancher qui couvrait un petit bassin mis à sec pour établir la salle s’était enfoncé sous ses pieds. Cette fille qui lui coûta la vie, nous l’avons tous connue, soit à Paris, soit à Londres ou à Vienne ; c’était une personne aimable et instruite, mais qui n’a brillé que peu de temps dans la société dont elle était l’ornement.

L’empereur ne resta guère plus d’une heure à parcourir le théâtre de cet effroyable désastre, donnant, selon l’occasion, des instructions, des consolations et des conseils. On a souvent répété qu’après son départ, et lorsque la foule des invités, tant éclopés que sains et saufs, se fut écoulée, les attachés de l’ambassade et leurs amis se mirent à table, et passèrent gaiement le reste de la nuit à se régaler du souper. Resté fort tard en ce lieu de désolation, je n’ai rien vu de pareil, et je suis convaincu que c’est l’un de ces embellissements obligés