Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/17

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tion contre la Jamaïque, et forcé, par des contrariétés de mer, de relâcher à Porto-Cabello, sur la côte de l’Amérique du Sud, il avait fait, par occasion, une excursion dans la province de Caracas. Après la signature de la paix, il était revenu en France, en s’arrêtant à Saint-Domingue.

La relation de son voyage existe, en copie, à la Bibliothèque nationale ; M. le comte de Ségur, dans ses Souvenirs, M. de Rémusat dans la Revue française, en ont publié de nombreux extraits, j’en possède moi-même le manuscrit original, intitulé Journal de mon voyage, commencé en avril 1792 et qui finira ne sçais quand ni comment.

Il s’arrête en effet à la moitié d’une phrase, bien qu’il soit plus complet que la copie. Le récit lui-même est original et curieux. À travers l’étourderie et l’enjouement d’un jeune officier, échappé aux salons de Versailles et à la dissipation de Paris, on entrevoit le coup d’œil d’un militaire instruit et d’un observateur judicieux. Mon père s’était préparé à cette expédition en étudiant, avec soin, les causes et les progrès des démêlés entre les États-Unis et la mère patrie. J’ai de lui, sur ce sujet, et sur les incidents de la guerre, un mémoire abrégé, mais très exact et très complet, suivi d’un exposé