Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/18

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bien fait des états confédérés, tels qu’ils existaient en 1782.

Ma mère était l’unique héritière du nom et du bien de la famille de Rosen, considérable en Suède, établie en Alsace depuis la fin de la guerre de trente ans, et la conclusion du traité de Westphalie. C’était une femme d’une rare beauté, d’un esprit plus rare encore, d’un caractère et d’une vertu supérieurs à sa beauté et à son esprit.

Bien qu’il existât entre mon grand-père et mon père, depuis son retour d’Amérique, une très grande diversité de sentiments politiques, mes parents continuaient à habiter l’hôtel de Broglie, et c’est là que j’ai passé mes premières années.

Je n’ai conservé qu’un faible souvenir de l’hôtel de Broglie et de son grand jardin, du salon de Broglie et de ses meubles en tapisserie, de mon grand-père, de sa petite taille et de sa courte perruque. Je jurerais, néanmoins, que son portrait, tel qu’il existe à Broglie aujourd’hui, dans le premier salon, lui ressemble parfaitement. On m’a conté que, dans ce même salon, il m’avait suffi, âgé que j’étais de trois ou quatre ans, de grimper sur la traverse d’un écran, pour donner un soufflet au