Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/172

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triomphe ; je m’évertuai sur-le-champ à le traduire verbalement, tant bien que mal, à la joyeuse compagnie. Quelles ne furent pas la surprise générale et ma propre confusion quand il se trouva que le manuscrit n’était autre chose qu’une version espagnole de la nouvelle de Saint-Réal ! Je laisse à juger les éclats de rire : on se moqua de moi sans pitié et je m’exécutai de bonne grâce comme je fais en le racontant ; mais comment, il était possible qu’une traduction de la nouvelle de Saint-Réal eût trouvé place dans les archives de la monarchie espagnole, c’est ce que je n’entreprendrai pas d’expliquer.

Je me borne à affirmer le fait en offrant la communication dudit manuscrit à qui s’en montrerait curieux.

Notre seconde tournée, qui nous conduisit directement, par la route de France, de Valladolid à Pampelune, fut plus courte et moins variée que la première ; elle fut aussi moins agréable. La bonne intelligence avait cessé depuis quelque temps entre le général en chef et l’intendant général ; leur animadversion réciproque éclata à Briviesca. L’altercation fut violente, à ce point que le général Dorsenne expédia, le soir même, un aide de camp à Paris, pour demander le rappel de M. Dudon, qu’il