promit de faire copier le manuscrit et de me l’envoyer à Valladolid.
Il tint parole, mais rien ne se fait vite en Espagne le manuscrit ne me parvint qu’au moment de mon départ pour la France, et ne me fut adressé qu’avec le modeste bagage que je laissais derrière moi. Rien non plus ne marche vite en Espagne. Je ne reçus mon bagage qu’au moment où je partais pour continuer mes pèlerinages officiels. Je n’eus pas le temps de déchiffrer un manuscrit en très mauvaise écriture espagnole ; je le serrai soigneusement et je l’oubliai tout à fait pendant trois ans, dont je passai les deux tiers hors de France.
Il ne me revint en mémoire qu’en 1814, après la Restauration. Un soir, me trouvant dans le salon de madame la duchesse d’Abrantès, qui préludait alors au rôle d’historiographe de son temps en écrivant de petits romans, elle nous confia (nous étions là une demi-douzaine de jeunes gens et de jeunes femmes) qu’elle voulait composer une nouvelle sur l’aventure de don Carlos. Je me souvins, à ce mot, du précieux manuscrit ; je racontai comment j’en étais devenu possesseur et je fus sommé, séance tenante, de l’aller chercher. J’obéis, et, sachant bien où je l’avais mis, je le rapportai en