Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/181

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L’occasion se présenta à la fin de mars.

L’empereur étant sur le point d’aller en guerre, ne sait quand reviendra, le maréchal Marmont se décida à lui expédier le colonel Jardet, son premier aide de camp, dont j’ai déjà parlé, en le chargeant d’exposer catégoriquement au futur conquérant de toutes les Russies, l’état critique où se trouvait l’armée de Portugal, ses besoins pressants, les périls qui la menaçaient et surtout l’impossibilité de la faire subsister sur le territoire qu’elle avait à défendre.

Afin de donner sur ce dernier point plus de poids aux déclarations de Jardet, il fut convenu entre le maréchal et l’intendant général que je l’accompagnerais, et me tiendrais prêt à l’appuyer, si l’empereur, le prince de Neuchatel ou le ministre de la guerre me faisaient appeler.

Je partis avec Jardet, muni d’un ordre, en bonne forme, dont j’ai gardé copie. Je quittai, sans regret Valladolid, presque un an jour pour jour après y être entré, et me promettant bien de n’y plus revenir.

Nous cheminâmes cinq jours et cinq nuits, à cheval, au petit pas, flanqués de bonnes escortes, et sans accident. En traversant le défilé de Pan-