Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/184

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L’empereur partit avec son état-major civil et militaire, s’arrêtant à Dresde, comme chacun sait, avant de passer le Niémen et de se lancer dans la grande aventure. J’attendis, à Paris, ce que ferait de moi le nouveau secrétaire d’État, M. Daru, dont j’étais connu, et à qui j’avais écrit.

En attendant, je ne perdais pas tout à fait mon temps.

J’avais retrouvé à Paris un de mes camarades d’Espagne, Fargues, fils du sénateur de ce nom, et revenu avant moi, grâce à l’intervention de son père. Il était attaché à la préfecture de police, ce qui se pouvait alors en tout bien tout honneur, M. Pasquier ayant nettoyé cette écurie d’Augias, et transformé le foyer d’inquisition politique en simple magistrature municipale. Fargues me proposa de l’accompagner dans l’inspection des prisons de Paris, dont il était chargé.

J’acceptai avec empressement. Nous en visitâmes plusieurs, entre autres Bicêtre, qui réunissait, à cette époque, la quadruple qualité de prison d’État, de prison pour les condamnés, d’hospice pour la vieillesse, et d’hospice d’aliénés. Il va sans dire que ces établissements contigus et renfermés dans la même enceinte étaient, néanmoins, sé-