Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/185

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parés l’un de l’autre ; et régis par des administrations différentes.

Le régime des prisons et des hospices, supérieur à ce qu’il était sous l’ancien régime, était encore loin, à cette époque, de ce qu’il est devenu plus tard. La prison de Bicêtre était tenue avec beaucoup de fermeté, d’humanité et de sagesse. À sa tête était placé, si j’ai bonne mémoire, le père de M. Damiron, mon excellent collègue à l’Académie des sciences morales et politiques.

J’assistai au triste spectacle de l’arrivée de nouveaux condamnés ; à leur prise d’habit, laquelle exige d’ordinaire l’emploi de la force ; à leur répartition entre les diverses sections de la prison, à la bienvenue tumultueuse qui les accueillait, mais je vis quelque chose de plus triste encore.

À l’extrémité d’un corridor long, étroit et obscur, se trouvait une cellule petite, voûtée et ne prenant jour que sur le corridor même ; il y fallait une lampe en plein jour. Nous trouvâmes dans cette cellule, fort propre d’ailleurs, un ancien chef vendéen, nommé Desol de Grizolles, enfermé là depuis dix ans, parce qu’il s’était, nous dit-on, refusé à faire soumission au gouvernement consulaire. En nous voyant entrer, il ne se leva point de