Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malgré M. Thiers, et précisément par les raisons de douter qu’il allègue et qui ne lui paraissent pas suffisantes.

Si l’empereur avait eu, je ne dis pas la volonté mais la moindre velléité de rétablir la Pologne, son premier soin, à coup sûr, aurait été de reconstituer l’armée polonaise, seule fraction de la nation qui n’eût pas subi de partage, préférant l’exil à la soumission, et le drapeau français au drapeau russe ou prussien ; il eût replacé cette armée tout entière sous la main de son digne chef, le prince Joseph Poniatowski, neveu du dernier roi de cet infortuné pays ; puis il aurait fait de cette armée la droite de la grande armée ; il l’aurait chargée de soulever, d’abord, et ensuite de confédérer la Volhynie, la Podolie, toute la Pologne russe, grossissant ainsi, à chaque pas, et faisant tout ensemble la tache d’huile et la pelote de neige. On l’aurait vu, à mesure qu’il conquérait une province nouvelle, l’agréger au grand-duché de Varsovie et réintégrer ainsi graduellement le royaume démembré.

Enfin, pour donner force, vie, entrain à l’opération, il aurait choisi pour représentant de sa bonne volonté toute-puissante, soit un grand personnage