Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/216

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personnes qui m’avaient bien accueilli, quelques années auparavant, ayant frappé à la maison hospitalière qui m’avait reçu avec tant d’obligeance, je trouvai partout porte fermée.

Mon seul refuge fut le perchoir du prince de Ligne ; là, je fus admis comme toujours à bras ouverts, et c’est de cette aimable famille que j’appris positivement ce que je pouvais déjà deviner. Tel était l’état de l’opinion dominante, que, dans la haute société, nul n’aurait osé recevoir un Français sans y être obligé par devoir d’état, par position officielle.

Ma mission étant remplie, et, rien ne me retenant plus, j’avais hâte de me retrouver sur le théâtre des événements. Je repartis. Le froid d’abord tolérable était devenu excessif ; le thermomètre baissait d’heure en heure. La neige tombait à gros flocons, les routes, libres jusque-là, en étaient encombrées. J’avais fait placer sur un traîneau ma petite calèche ; mais, malgré cette précaution, je versai sept ou huit fois avant d’atteindre Olmutz. Je pensai que c’était tenter Dieu de poursuivre et je pris un grand parti. Je laissai ma calèche dans l’auberge d’Olmutz, Dieu sait au profit de qui, et je continuai ma route en traîneau de poste,