siècle, généreux, libéral, de mœurs faciles, d’un caractère enjoué, adoré de tous ceux qui l’approchaient camarade de ses aides de camp ; obéi parce qu’il était toujours le premier au feu, et qu’il partageait toujours avec tout le monde tout ce qui lui tombait sous la main.
C’était plaisir de le suivre au champ d’exercice et de le voir dresser ses recrues. Son activité, sa vivacité, sa bonne humeur, son ton soldatesque, lui gagnaient tous les cœurs. Dans le rayon que son corps d’armée occupait autour de Cracovie, il prenait sans façon le premier paysan venu, lui faisait décrasser les mains, couper les cheveux, raser la barbe et le livrait à un sous-officier qui lui enseignait le maniement des armes ; au bout d’un mois, on lui mettait sur le dos un uniforme bleu ; l’empereur des Français avait en lui un excellent soldat, prêt à tout, propre à tout, ne regrettant rien, ne pensant qu’à vivre et à mourir sous son drapeau ; mais, par malheur, à cent pas de là, dans le rayon que l’armée russe occupait, le général Sacken en faisait autant, et n’y trouvait pas plus de difficulté ; il mettait la main sur le pareil, peut-être sur le parent du paysan dont il s’agit ; il le débarbouillait et le façonnait à la moscovite ;