Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/229

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J’aurais ici, on le voit, si je composais des mémoires, une belle occasion d’exposer, en détail, la marche et les incidents des négociations qui précédèrent, à cette époque fatale, la rupture entre la France et l’Autriche mais je n’en ferai rien, et cela pour deux raisons : la première, c’est que ce travail existe, qu’il a été fait et très bien fait, par M. Thiers ; la seconde, c’est que j’y ai concouru d’avance, et voici comment.

Quand, vers le milieu d’août, c’est-à-dire à l’instant où commencèrent les hostilités, M. de Narbonne me fit ses adieux, quand il partit pour s’enfermer à Torgau, hélas et pour n’en plus sortir, il me remit son portefeuille, un grand portefeuille noir, que je connaissais bien puisque c’était moi qui le tenais en ordre ; dans ce portefeuille était distribuée et classée toute sa correspondance officielle et confidentielle, tant avec l’empereur qu’avec le département des affaires étrangères, et tous les documents réservés de l’ambassade. Il me chargea expressément, en m’en confiant la clef, de ne le rendre qu’à lui-même.

M. de Narbonne nous fut enlevé au bout de quelques mois.

J’ai conservé le dépôt qu’il m’avait commis pen-