Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/253

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chait, en débordant sans pouvoir se contenir.

Je pris congé le cœur gros, l’esprit assiégé de noires pensées, et pénétré d’une émotion qui prenait naissance dans des sentiments bien divers. En traversant le palais, à peine remarquai-je que les salles étaient vides, en traversant la ville que les rues étaient désertes ; tout était calme et sinistre, comme à l’approche de la tempête.


Il succède à ce bruit un calme plein d’horreur,
Et la terre, en silence, attend dans la terreur.


Nous partîmes le lendemain laissant derrière nous M. de Caulaincourt, qui était censé nous suivre de près. M. de Narbonne ignorait que, depuis le 8 août, avant-veille de la déclaration de guerre, le troisième jour avant la reprise des hostilités, son collègue entretenait avec le prince de Metternich, une sorte de négociation secrète, qui n’eut pas plus de succès que la négociation officielle, et ne se termina que le 17. M. Lefebvre et M. Thiers en ont révélé récemment l’existence et les incidents.

Il dut en coûter cruellement à M. de Caulaincourt, honnête et loyal comme il l’était naturellement, de se prêter en ceci à la duplicité de son maître. Je suis convaincu qu’il le fit par fidélité,