Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/26

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dominaient, à certain degré, le maréchal Lückner et travaillaient avec ardeur à détruire la discipline de l’armée. Mon père courut de grands dangers en s’efforçant de la maintenir et faillit être massacré par le régiment dont il avait été colonel ; il ne trouvait d’appui que dans quelques amis, le maire de Strasbourg, Dietrich, Rouget de l’Isle, auteur de la Marseillaise, d’autres encore dont les noms sont moins connus.

Survint le 10 août. Mon père protesta contre les décrets de l’Assemblée législative. Il fut destitué, et se retira, pour cause de santé, à Bourbonne-les-Bains ; son aide de camp, Desaix partagea son honorable disgrâce. Ces événements sont racontés fidèlement dans la vie de cet illustre officier, publiée par M. Martha-Becker ; ils sont expliqués fort au long dans le mémoire que mon père avait préparé pour sa défense au tribunal révolutionnaire.

Le mémoire est appuyé sur des pièces justificatives nombreuses. Ces pièces font mention de plusieurs arrestations subies par mon père en 1792, et qui n’eurent aucune suite. Séparé de lui pendant toute la dernière partie de cette année, je n’en sais rien de plus. Ma mère en effet, d’après ses in-