Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/284

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J’ai peu connu M.Rocca. Au moment où madame de Staël revint en France, il était atteint d’une maladie mortelle qui le condamnait à la retraite et au silence absolu. On ne le voyait que de loin en loin. Dans le très petit nombre de paroles que j’ai recueillies de lui, il m’a laissé l’idée d’un esprit original, brusque et naïf qui devait avoir quelque chose de singulièrement piquant.

J’ai beaucoup connu, en revanche, Wilhem Schlegel, et j’aurai souvent occasion d’en parler. Je laisserai venir l’occasion et me bornerai, en ce moment, à dire qu’il m’accueillit, comme le reste de la maison, avec beaucoup de bienveillance.

Mes assiduités dans cette maison n’ayant point paru déplaire, je conçus bientôt de plus hautes espérances, et, vers la fin de l’automne, je partis pour les Ormes, afin d’obtenir le consentement de ma mère, qui me l’accorda volontiers, et revint avec moi à Paris. M. d’Argenson avait été le premier à me conseiller ce mariage ; il suivit ma mère de près.

L’assentiment cordial et empressé de ma mère m’était fort nécessaire pour faire tête à l’orage que ma résolution excitait au sein de ma famille. Tel était le courant de l’opinion dominante, et la folie