Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/288

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jeunes et belles, et qu’il poussait, dit-on, aussi loin que celles-ci le permettaient. Il en a conservé les allures jusqu’à la dernière vieillesse, et ce n’est pas une des moindres preuves du bon sens de la nation anglaise que le soin qu’ont pris tous les partis de jeter, comme à l’envi, le manteau sur le côté ridicule du héros de Waterloo.

M. Canning était tout autre. C’était, à la fois, un bel esprit et un homme d’État ; l’un des deux personnages gâtait un peu l’autre. Le bel esprit était très brillant, plus peut-être que ne le comportait la gravité d’un premier ministre en expectative ; l’homme d’État prenait sa revanche ; il était hautain et dédaigneux. Madame de Staël avait avec l’un et l’autre des prises très vives, et c’était plaisir de l’entendre ; néanmoins j’évitais M. Canning plus que je ne le recherchais ; il n’était pas encore ce qu’il est devenu depuis, et, depuis aussi, je lui ai rendu plus de justice.

Sir James Mackintosh était, en revanche, l’un des hommes les plus aimables que j’aie connus. Son savoir était immense. Il était versé dans les langues classiques il connaissait à fond la littérature germanique, comme la littérature anglaise et française. De visage et de caractère, il ressemblait à