Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/289

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Cicéron. À l’époque dont je parle, il revenait de Bombay, où il avait résidé plusieurs années à titre de grand juge, et sa haute réputation, longtemps contestée, commençait à s’établir solidement en Angleterre. Pendant le peu de mois qu’il passa à Paris, il était l’un des habitués de la maison de madame de Staël, et il se prit, pour moi, d’une véritable amitié qu’il m’a conservée jusqu’à sa mort. Ses Mémoires, publiés par sa famille, en portent témoignage, et j’en garde un souvenir plein de reconnaissance et de vénération.

Lord Harrowby, longtemps ministre en Angleterre, avant et depuis l’époque dont je parle, était un tory modéré, éclairé, d’une politesse exquise et d’un sens parfait. J’étais très curieux de l’Angleterre ; je me perdais en efforts pour concilier ce que je lisais dans les livres composés ex professo sur ce pays, et ce que je lisais chaque jour dans les feuilles publiques. Lord Harrowby satisfaisait ma curiosité avec une inépuisable complaisance. Il me témoignait l’intérêt qu’un vieillard d’une expérience consommée et d’un bon cœur ressent naturellement pour un commençant de bonne volonté. J’ai beaucoup profité de ses entretiens, et son amitié pour moi ne s’est pas démentie pendant