Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/302

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En retraçant depuis, dans son ouvrage, un livre qui traite du polythéisme chez les Romains, le tableau désolant des superstitions qu’une incrédulité progressive et désespérée engendrait parmi les meilleurs et les plus éclairés des Grecs et des Romains, parmi les héritiers de Phocion et de Cicéron, je me figure que Benjamin Constant se souvenait un peu de lui-même, et que l’expérience personnelle venait en aide à son érudition.

Au demeurant, je ne tardai guère à m’assurer, qu’en ce qui le concerne, la magie noire n’avait pas mieux opéré que la magie blanche, et que le malin lui avait, de son côté, tenu rigueur.

Quelques jours après, en effet, j’étais au bal chez M. Greffulhe, le père de MM. Greffulhe, bien connus alors dans le monde parisien et de madame de Castellane. M. Greffulhe possédait, en ce temps là, une vaste et charmante habitation au haut de la barrière de Clichy, habitation morcelée depuis et devenue un quartier désert, percé de rues sales et tortueuses.

C’était un bal masqué ; on n’y était point admis à visage découvert. J’étais masqué comme tout le monde. Je ne tardai pas à remarquer qu’une personne à moi bien connue, et qui ne déguisait point