Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/325

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essaya de la forcer et de piquer d’honneur, à cet effet, un poste de garde nationale, mais ce fut en pure perte.

J’assistai, de compagnie avec M. d’Argenson, mais en simple spectateur, à ce 18 brumaire royal qui mettait fin, pour la seconde fois, au premier empire, en attendant que j’assistasse, en patient, au 18 brumaire impérial qui congédia la seconde République. Dans l’intervalle, les Tuileries, le Luxembourg, le palais Bourbon, avaient été deux fois emportés par le populaire. Je me sers du mot classique pour n’en pas employer un autre.

On a beaucoup déclamé, on a beaucoup plaisanté sur la Chambre des représentants. L’empereur lui-même ne s’en était pas fait faute en rappelant ces moines de Constantinople qui s’égosillaient sur la lumière du Thabor, pendant que le bélier de l’ennemi battait à la porte mais, en bonne foi, cette Chambre, que pouvait-elle faire ?

Elle trouvait à son arrivée la guerre flagrante et l’empereur partant pour l’armée, après avoir épuisé en dictateur toutes les ressources que lui pouvait offrir l’état du pays. Pouvait-elle honorablement présumer autre chose que le succès de la guerre, et dès lors ne devait-elle pas se préparer