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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/333

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coulant. Il me détourna généreusement de cette pensée et me donna de bons conseils que je suivis à regret.

N’ayant pas encore tout à fait trente ans, j’en prenais prétexte pour négliger les séances de la Chambre des pairs ; mais je suivis assidument celles de l’autre Chambre, où tout ce que j’entendais nourrissait de plus en plus mon aversion pour le parti dominant. Je n’exagère rien en affirmant que les violences de ce parti, dans la Chambre et hors de la Chambre, à la tribune et dans les tribunes, portant habit ou portant jupon, rappelaient trait pour trait les plus mauvais jours de la Convention nationale. Ce fut surtout à l’issue du procès de M. de la Valette que la fureur, c’est le mot propre, fut portée à son comble, et l’on peut dire que ce procès fut un véritable bonheur, en ce sens que, n’ayant coûté la vie à personne, il éclaira tout le monde, et divisa en deux camps, d’une part les jacobins de la royauté, de l’autre les hommes honnêtes et sensés, quelle que fût leur origine et la nuance de leurs opinions. Je ne dirai rien du fond même de ce procès : jamais l’iniquité ne s’est montrée plus effrontée ; ni de la déposition de M. Ferrand je n’ai jamais pu, depuis, approcher de lui