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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/356

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m’exhorter à surmonter la timidité qui, disait-il, n’est que vanité.

En Angleterre, on ne se relève guère d’un semblable échec. Robert Smith, à la sollicitation de ses amis (il en avait beaucoup et des meilleurs), essaya plus d’une fois de la vie publique en dehors du parlement ; il s’en dégoûta ou s’en découragea de bonne heure ; ses infortunes domestiques achevèrent d’empoisonner son existence : je n’ai jamais connu d’homme plus digne d’être plaint, aimé et honoré.

On voyait encore à Pise, cet hospice des maladies de poitrine, d’autres figures anglaises se promenant mélancoliquement Lungarno ; entre autres lady Bute, qui traversait régulièrement chaque année l’Italie à cheval, en tête de toute une cavalcade d’enfants et de serviteurs où brillait, dans toute la splendeur de la jeunesse et de la beauté, sa fille, connue depuis sous le nom de lady Sandon.

Ces Anglais, de toute condition et de caractères divers, formaient en partie, et en très grande partie, la société de madame de Staël ; mais elle recevait également avec une curiosité empressée l’élite de la société de Pise et les professeurs de l’Université.