Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/369

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de M. Schlegel ; nous risquâmes, Auguste de Staël, sa sœur et moi, le passage du Simplon, encore encombré de neige ; nous visitâmes, chemin faisant, Côme, ses lacs et ses îles. La saison, dans la montagne et dans le Valais, était encore rude, mais le printemps brillait de tout son éclat sur les bords du Léman. En passant à Cologny, nous descendîmes quelques instants dans la petite maison habitée par madame Necker de Saussure, et je lui fus présenté pour la première fois. Elle était à Nice, lorsque j’avais traversé Genève au commencement de l’année.

J’arrivai à Coppet presque au moment où la session de 1816 finissait à Paris. Je n’avais aucun motif pour retourner en France, où l’esprit de réaction, réchauffé par les événements de Grenoble, continuait à multiplier les procès politiques. Sans crédit personnel, sans autorité quelconque, étranger aux passions du moment et ne rendant qu’une imparfaite justice aux efforts du ministère qui luttait contre elles, je restai en Suisse durant tout le cours du printemps et de l’été de 1816 ; je ne quittai Coppet qu’au mois d’octobre.

En faisant, bon gré mal gré, trêve aux préoccupations de la politique française, je me laissai