Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/379

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triste expédition de Murat. Contraint en quelque sorte par ses concitoyens à prendre parti pour ce roi de théâtre, il quitta sa patrie pour éviter la persécution, dont les menaces le suivirent à Rome et à Naples. Genève lui fut plus hospitalière que Lausanne à Comte et à Dunoyer, et Genève s’en trouva bien, comme je le rappellerai plus tard, et plus d’une fois. En 1816, il arrivait à peine et je ne fis que l’entrevoir.

Je fis enfin connaissance vers les derniers jours de cet été avec deux hommes très distingués, et dont je suis demeuré l’ami, durant tout le cours de ma vie publique, lord Lansdowne et lord Brougham.

La session du parlement d’Angleterre était close. Lord Lansdowne voyageait avec sa famille ; il parcourait la Suisse et se disposait à passer l’automne dans le midi de l’Italie. Il était lié avec madame de Staël et m’accueillit avec autant d’empressement que de bienveillance. Il était, dès lors, ce qu’il n’a jamais cessé d’être, le modèle du grand seigneur whig. Sa naissance était égale à sa fortune et sa fortune à ses lumières ; il faisait de l’une et de l’autre un usage simple et de bon goût, libéral et magnifique. Rien ne lui a manqué pour être le pre-